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AVIS : Le Livre des Illusions - Paul Auster

Publié le par Nik'talope

Ma chronique sur Instagram est ici !

 

   NOM DE DIEU ! J'ai mis tellement de temps à le lire ! Le pire, c'est qu'en temps normal je l'aurai sûrement lu en quelques jours ! Rhalala, l'Université c'est hyper chronophage, y'a pas à dire...😭

   J'ai commencé à le lire le 4 janvier et je l'ai fini le 28 février... c'est beaucoup trop long !!! Le pire c'est que je dois en lire encore un autre pour mes cours, mais j'ai plein de travail à faire en parallèle... au secours !😵

   Bref... je vais arrêter de me plaindre et on va plutôt parler de ce petit livre fort intéressant.

 

Le livre des illusions de Paul Auster, Actes Sud (Babel), 2019, 384 pages

 

De quoi ça parle ?

 

  David Zimmer est veuf : sa femme et ses deux fils ont péri dans un crash d'avion il y a quelques temps maintenant. Pour guérir, ou du moins survivre, il se trouve un occupation : le cinéma muet de Hector Mann. Grand acteur de son époque, la carrière d'Hector fut aussi brillante que courte, jusqu'à sa disparition soudaine et mystérieuse. David se prend alors d'un immense intérêt pour ses films, au point d'en écrire un livre, avant de replonger dans sa survie d'homme brisé. Jusqu'au jour où il reçoit une lettre étrange, lui proposant de rencontrer Hector Mann, pourtant supposé mort depuis des décennies.

 

Mon avis

 

   On débute avec l'histoire de David Zimmer, orphelin de tout : parents, femme, enfants. Dans un long retour en arrière, on assiste à ses onze dernières années avec une constance agréable. J'ai été frappée par la beauté de ce roman à la page 132 très exactement : la narration ne change pas, ni les personnages, mais on découvre une nouvelle dimension qui s'amplifie, presque cosmique. J'ai assisté d'autres fois à ce genre d'événement, éparpillés un peu partout dans les pages, et c'est l'une des choses qui font de ce livre un ouvrage si particulier. Le début est « neutre », pas sans saveur mais pas exceptionnel non plus, il se laisse lire, le temps que tout soit mis en place pour le show. Alors, l'histoire, celle pour laquelle nous sommes là, se déroule sous nos yeux, et pourtant rien de ce que nous lisons n'est réellement nu.

   J'ai été surtout scotchée par la fin. Les découvertes ne sont pas incroyables ni spectaculaires, mais j'ai trouvé que la narration trouvait une justesse et un équilibre quasiment parfait, comme si le livre n'existait que pour sa fin, comme si l'important n'était que la conclusion.

   De ce que j'en sais, ce qui est presque magique avec Paul Auster c'est l'interprétation de chacun... non, disons plutôt les réactions et sensations de chacun. Deux personnes qui vont lire Paul Auster ne seront pas marquées par les même éléments, je trouve ça fascinant.💫✨

  Mon seul regret : avoir mis autant de temps à le lire (ou plutôt avoir manqué de temps au moment où j'ai démarré la lecture😭).

 

Pourquoi j'ai voulu le lire ?

 

   Indispensable pour l'une de mes cours (en plus je commençais à m'intéresser à Paul Auster donc ça tombe à pique !)

 

La 4eme de couverture est ici :

 

   Après la mort de sa femme et de ses enfants, David Zimmer était anéanti. S'il a pu échapper au désespoir, c'est grâce à l'écriture d'un livre consacré à Hector Mann, virtuose du cinéma muet porté disparu depuis 1929. Un soir, une jeune femme débarque chez lui en lui annonçant que Hector Mann lui-même le réclame de toute urgence sur son lit de mort. David se laisse entraîner dans un très long voyage...

   En racontant l'histoire de l'extraordinaire et mystérieux Hector Mann, Paul Auster nous emmène bien au-delà de la magie du cinéma muet et porte ce livre au cœur d'un univers envoûtant où la création artistique semble faire écho aux sentiments amoureux dans ce qu'ils ont de plus éphémère et de plus fragile, où la douleur de la perte et le besoin de filiation se répondent pour remettre en question l'idée même de mémoire.

 

 

Quelques citations :

 

Page 47 : « L'important, ce n'est pas l'habileté avec laquelle on évite les ennuis, c'est la manière dont on les affronte quand ils se présentent. »

Page 54 : « C'est un spectre en chair et en os, un homme qui n'est plus un homme. Il vit encore dans le monde, et pourtant le monde n'a plus de place pour lui. On l'a assassiné, mais personne n'a eu la courtoisie ni la prévenance de le tuer. On l'a simplement effacé. »

Page 85 : « On m'a fait paraître de mon vivant quelques morceaux de ces Mémoires ; je préfère parler du fond de mon cercueil ; ma narration serra alors accompagnée de ces voix qui ont quelque chose de sacré, parce qu'elles sortent du sépulcre. Si j'ai assez souffert en ce monde pour être dans l'autre une ombre heureuse, un rayon échappé des champs Élysées répandra sur mes derniers tableaux une lumière protectrice : la vie me sied mal ; la mort m'ira peut-être mieux. »

Pages 85-86 : « Qu'on sauve mes restes d'une sacrilège autopsie ; qu'on s'épargne le soin de chercher dans mon cerveau glacé et dans mon cœur éteint le mystère de mon être. La mort ne relève point les secrets de la vie. Un cadavre courant la poste me fait horreur ; des os blanchis et légers se transportent facilement : ils seront moins fatigués dans ce derniers voyage que quand je les traînais çà et là chargés de mes ennuis. »

Page 132 : « Ce fut l'un des instants les plus sublimes, les plus grisants de ma vie. Je me trouvais un demi-pas en avant de la réalité, un ou deux pouces au-delà des confins de mon propre corps et, quand la chose se produisit, exactement telle que je l'avais prévue, j'eus l'impression que ma peau était devenue perméable. Je n'occupais plus l'espace, je m'y fondais. Ce qui était autour de moi était aussi en moi, et je n'avais qu'à regarder en moi pour voir l'univers. »

Pages 215-216 : « Le sordide se rétribue de lui-même, fit Hector, adoptant délibérément un langage qui la dépassait. Si un homme décide de s'enfoncer dans sa tombe, quelle meilleure compagnie pour lui qu'une femme au sang chaud ? Il meurt plus lentement, ainsi, et tant que leurs deux chairs sont jointes, il peut vivre du relent de sa propre corruption. »

Page 237 : « Il devait y avoir une différence entre la montré et la descente, raisonnais-je, entre la perte de contact avec la terre et le retour au sol ferme. L'une était un adieu, l'autre une salutation, et peut-être le commencements étaient-ils plus supportables que les fins, ou peut-être avais-je découvert (tout simplement) que les morts ne sont pas autorisés à hurler en vous plus d'une fois par jour. »

Page 278 : « Nous mourons tous en perdant de la pisse et du sang, en chiant sur nous comme des nouveaux-nés, en suffoquant dans notre morve. »

Page 291 : « Quelques heures de silence, quelques bouffées d'air du désert et, tout à coup, une idée d'histoire me tournait en tête. C'est toujours comme ça, dirait-on, avec les histoires. À un moment, il n'y a rien ? L'instant d'après, en voilà une, installée en vous. »

Page 337 : « Je comprends à présent pourquoi ils avaient donné à leur domaine ce nom de Blue Stone Ranch. Hector avait vu cette pierre et il savait qu'elle n'existait pas, que l'existence qu'ils allaient se créer là était fondée sur une illusion. »

Page 374 : « Il y a des pensées qui brisent l'esprit, des pensées d'une force et d'une laideur telles qu'elle vous corrompent sitôt que vous commencez à les concevoir. J'avais peur de ce que je savais, peur de sombrer dans l'horreur de ce que je savais, et par conséquent je n'ai pas mis cette pensée en mots avant qu'il ne fût trop tard pour que les mots me fussent d'aucune utilité. »

 

Genre : Roman contemporain

 

Étiquettes :

Littérature – roman – dépression – survie – avion – culpabilité – deuil – drame – littérature nord-américaine – Hollywood – cinéma muet – États-Unis – Amérique – littérature américaine – littérature anglo-saxonne – roman contemporain – contemporain – 21ème siècle

 

Ma playlist :

Way Station - The Way of Minstrel (album)

Nevermind The Name – Home (album)

 

 

Notes : (attention spoils)

 

Page 27 : Jusqu'ici que de la narration, zéro dialogue, et pourtant la lecture se fait naturellement et sans encombre. Un style très fluide et agréable. Ça se lit plutôt vite aussi.

Page 134 : Jusqu'à maintenant, Paul Auster était un simple conteur, évoquant les événements qu'avaient rythmé la vie de David Zimmer, sans pour autant nous endormir, au contraire ; mais maintenant je comprends toute la beauté de ce livre, il y a une facette que je nommerais philosophique sans qu'elle le soit, elle évoque ces choses qui nous dépasse et qui pourtant sont partout. C'est presque cosmique, je dirais...

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