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AVIS : Dans Le ventre du loup - Héloïse Guay de Bellissen

Publié le par Nik'talope

Ma chronique sur Instagram est ici !

 

     J'ai rencontré Héloïse Guay de Bellissen durant la Fête du Livre de Toulon en 2019. Elle m'a interpellé parce que j'ai des piercings et des tatouages, me parlant de son livre « Le Roman de Boddha ». Ce jour-là je lui ai acheté « Parce Que les tatouages sont notre histoire », dédicacé et tout ! laugh Je l'ai revu à Marseille dans un Salon du Livre ou j'ai flashé sur la couverture de « Dans Le ventre du Loup », je lui ai acheté et elle me l'a lui aussi dédicacé. J'ignorais que j'allais lire un fait divers, un vrai.

 

Dans Le ventre du loup, Héloïse Guay de Bellissen, Pocket, 2019, 320 pages

 

De quoi ça parle ?

 

     Héloïse apprend en 1999, alors qu'elle a dix-neuf ans, que sa cousine, dont elle n'a aucun souvenir, est morte. Assassinée par le Monstre d'Annemasse, un prédateur en série. Ce n'est qu'en 2016 qu'elle commence à se pencher sur l'affaire. Pour savoir ce qui ronge sa famille. Pour connaître la vérité. Pour comprendre ce qu'il s'est passé et pourquoi elle l'a enfouie au plus profond d'elle. Nous entrons dans une « enquête émotionnelle ».

 

Mon avis

 

      Un retour aux sources pour l'enquête, pour Héloïse, pour le meurtre de Sophie (sa cousine) et aussi pour Gilles de Vallière ou le Monstre d'Annemasse ! De fréquents retours dans le passé nous énoncent les faits, le contexte, les points de vue. Un roman qui se laisse lire avec une facilité incroyable et une écriture très agréable à lire. smiley Une histoire très personnelle pour laquelle l'empathie est très fortement suscitée : Héloïse nous dévoile une blessure profonde qu'elle traîne inconsciemment depuis l'enfance, ainsi qu'une lourde souffrance qui a eu raison de sa famille. Plus qu'un témoignage, c'est une découverte d'une part d'elle qu'elle nous fait partager.

 

Pourquoi j'ai voulu le lire ?

 

      Défi 11 : une réécriture d'un classique littéraire. Je sais, c'est un peu de la triche, mais les contes sont des classiques et ce roman revisite Le Petit Chaperon Rouge de façon très très original et pertinente ! laugh Et puis, comme l'a dit Héloïse Guay de Bellissen ; « un conte de fée est un fait divers ». wink

 

La 4eme de couverture est ici :

 

     Il y a les contes de fées qu'on raconte aux enfants. Et ceux qu'on tait scrupuleusement. Les non-dits. Les silences qui fracassent les familles. Ceux qui n'empêchent pas les loups d'exister...

     C'est au détour d'une conversation banale, avec son père, qu'Héloïse apprend le drame qu'on lui a toujours caché. Le meurtre de sa cousine, Sophie, par un tueur sadique, « le monstre d'Annemasse ». Une cousine de neuf ans alors, dont elle a totalement occulté le souvenir. Se plongeant bientôt dans les archives du tribunal, Héloïse reprend le conte du début, son histoire – droit dans le ventre du loup...

 

 

Quelques citations :

 

p.39 : « Maintenant, son ennemi intime c'est l'enfance, parce qu'elle l'a abandonné d'un coup. »

p.47 : « Mais la peur reste là, toujours dans l'estomac, le foie, les reins, elle prend ses aises, et commence à attaquer les os. Elle visite. Le dedans, l'intérieur passe encore, mais dehors, dans la chambre, dans l'appartement, dans la rue, la ville, les étendues, où est passé cet homme ? »

p.71 : « Maman, un mot usé par tous les enfants du monde. Maman, le seul être sur terre qu'on pourrait aimer jusqu'à mettre sous clef ce qu'on est vraiment. »

p.90 : « Il existe bien un pays fait de chair, et peut-être que l'on peut y vivre. Il y a probablement un pays où la vie est faite de gigantesques sentiments, où la chair peut être pétrie jusqu'au sang, où quand on mord ce n'est jamais dans le vide. »

p.99 : « Tuer une fillette. C'est bousiller un commencement, et en même temps cela ne sert à rien, c'est comme cracher dans l'océan. »

pp.256-257 : « Quand j'y suis arrivée, j'étais à la fois moi maintenant qui cherche à retrouver quelque chose que je ne saurais nommer mais j'étais aussi la gamine qui se rappelait parfaitement le chemin. Et aussi la vieille femme prête à éclater des souvenirs en le faisant cracher au bord des rochers. Quand j'ai descendu le chemin rocailleux, avec un sable presque rouge, l'odeur des pins, les cactus à la peau fripée par le soleil, j'ai pleurée. Et je me suis laissé faire par ces pleurs. Un an que je travaille sur ce livre et j'ai enfin lâché prise. Nous étions en septembre, il faisait encore chaud, on pouvait se baigner, et mes pas ont retrouvé l'endroit comme si je ne l'avais jamais quitté. Rien, absolument rien n'avait changé. La roche ça ne ment pas, ne bouge pas, ne change pas. Je pleurais d'un façon que je ne connaissais pas, ce n'était pas de l'émotion, ce n'était pas de la tristesse, mais quelque chose que j'appelais le bercail. La quête c'est l'accident d'un retour vers soi, et cet accident que je provoquais depuis Annecy venait de m'arriver vraiment. Je suis rentrée dans l'eau, sans enlever mes vêtements. J'ai eu la sensation de boire à la source, une eau noire de tout un tas de monde qui me submergeait. Et j'ai compris que j'étais sans doute cinglée, à être là comme ça, habillée dans l'eau, mais j'ai eu la sensation de nettoyer une plaie de la regarder pour la première fois. La plaie du bercail. Pour la première fois de ma vie, j'avais la sensation d'être en face d'une chose que je ne saurais nommer, d'une chose plus grande que moi, mais dont je n'avais plus peur. Je pouvais même m'y sentir chez moi, m'abriter dans de l'eau, le liquide amniotique de tous les drames qui ont traversé ma vie, et qu'ici, maintenant, je venais de trouver un territoire pour me remettre de tout. Une géographie émotionnelle. »

pp.285-286 : « Des BD pour adultes Iris, un cahier avec des coupures de journaux dont « Le Maniaque reconnaît 34 viols » ou « Étouffé et jeté dans le lac », six paires de lunettes dont quatre de vue, des bas Nylon, un appareil photo Minolta, des caleçons découpés, des jumelles, du chloroforme, de l'éther, des gants en latex type médicaux, des lacets, des cordelettes, une lampe torche, du scotch de déménagement, des gants en cuir, des ciseaux, un bonnet. Des années qu'ils cherchaient ce trésor-là et le goût qu'ils ont dans la bouche est amer, dégueulasse, le goût d'une plaie qui se referme mais qui tire encore comme un hameçon rouillé dans la bouche. »

 

Genre : Roman autobiographique

 

Étiquettes :

Récit – roman – témoignage – romans policiers et polars – magie – quête – vacances – mémoire – faits divers – peur – deuil – justice – enquêtes – judiciaire – enfance – autofiction – secrets de famille – famille – meurtre – littérature française

 

Ma playlist :

God Is An Astronaut – Age of the Fifth Sun (album)

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