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AVIS : Certaines N'avaient jamais vu la mer - Julie Otsuka

Publié le par Nik'talope

Ma chronique sur Instagram est ici.

 

     Ça m'a fait beaucoup de bien de lire ce livre, autant que de mal. J'ai voyagé au Japon il y a quelques années, dans diverses villes et je suis particulièrement sensible à la culture de ce pays, sans en être fascinée. Mais je trouve que le Japon est d'une singularité fascinante et d'une beauté incroyable. Les paysages, la culture, la mythologie, le savoir vivre ! Tout, absolument tout l'opposé de l'Occident, et j'adore ça ! J'ai retrouvé un morceau de moi que j'avais laissé au Japon, une partie que j'ai aimé retrouver dans ce récit, récit qui ne se passe pas du tout au Japon d'ailleurs mais en Californie. laugh J'ai aussi beaucoup souffert à cause de l'injustice que dénonce ce roman. Les femmes, qu'importe leur ethnie ou leur croyance, sont malmenées par le monde des hommes. Et encore aujourd'hui nous le sommes encore plus ou moins, parole de femme ! angry Et pour ce qui est du racisme, je suis toujours plus... disons désappointée, pour rester poli. Quand je lis ce livre, je suis vraiment contente d'être née à l'orée du XXIe siècle et en colère en lisant ce que ces femmes, ces gens, ont vécu... le monde peut être vraiment pourri pour certains, ou en l'occurrence certaines.

 

Certaines N'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka, Editions 10/18, 2014, 143 pages

 

De quoi ça parle ?

 

      Au début du XXème siècle, des japonaises quittent leur pays pour épouser des hommes d'origine japonaise aux États-Unis – comme tant d'autres de leurs congénères l'ont fait auparavant. Pour fuir la vie de fermière se tuant à la tâche pour trois sous et sans mari. Pour fuir la pauvreté et le déshonneur. Le voyage sera long et l'arrivée loin de leurs rêves. Nous vivrons à travers toutes ses femmes, à une époque et dans un pays où elles n'étaient rien pour le reste du monde. Bienvenue dans un corpus, présentant des dizaines voire des centaines de vies bouleversées de milles façons, et pourtant aux destins semblables.

 

Mon avis

 

     Ce n'est pas une mais plusieurs histoires de femmes, japonaises (et aussi, un peu plus loin, américaines). Elles sont toutes originaires d'autres pays et toujours victimes du patriarcat, particulièrement présent à l'époque aux USA et dans le reste du monde. Ici, il n'y a pas de point de vue individualiste ou personnifié, chaque femme vit la même histoire, témoins d'un monde cruel et oppressif gouverné par les hommes, fait par les hommes, fait pour les hommes ; les femmes n'y ont pas leur place. Elles se battent, non pas pour avoir des droits ou trouver un rôle dans lequel se complaire, elles se battent pour survivre. Alors qu'elles ont quitté tout ce à quoi elles tenaient pour trouver de la stabilité auprès d'inconnus pleins de promesses, elles découvrent le vrai monde : mensonges, désillusion, déceptions, peur, tristesse, douleur, espoir et bien sûr racisme. La réalité est violente et injuste.

     Le sujet est fort, l'écriture est douce et la lecture se fait avec énormément de facilité. Les femmes, bien qu'elles soient désincarnées, sont attachantes et empathiques. heart Nous souffrons, sourions, pleurons et prions avec elles. Il y a mille façons de vivre une même histoire, avec pour seule différence les personnages. Voilà ce que nous raconte Julie Otsuka dans un roman dénonciateur et porté par une poésie particulièrement tendre, prenante et poignante dans un témoignage aux innombrables visages.

 

Pourquoi j'ai voulu le lire ?

 

      C'était mon défi lecture n°6.

 

La 4eme de couverture est ici :

 

      Ces Japonaises ont tout abandonné au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis, sur la foi d'un portrait, un inconnu. Celui dont elles ont tant rêvé, qui va tant les décevoir. Choeur vibrant, leurs voix s'élèvent pour raconter l'exil : la nuit de noces, les journées aux champs, la langue revêche, l'humiliation, les joies aussi. Puis le silence de la guerre. Et l'oubli.

 

 

Quelques citations :

 

p.18 : « Tu verras : les femmes sont faibles, mais les mères sont fortes. »

p.39 : « Et nous avions beau lui avoir lancé quelques heures plus tôt : ''Je te déteste'' alors qu'il nous grimpait dessus dans l'obscurité, nous le laissions nous réconforter car il était tout ce que nous avions. Il arrivait qu'il regarde à travers nous sans nous voir, et c'était là le pire. Est-ce que quelqu'un sait qui je suis ici ? »

p.46 : « Existe-t-il tribu plus sauvage que les Américains ? »

 

Genre : Roman historique

 

Étiquettes :

Littérature- roman – roman historique – témoignage – histoire – exil – racisme – immigration – émigration – guerre – seconde guerre mondiale – condition de la femme – États-Unis – littérature américaine – japonais – japon – 20e siècle

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